"L'armée israélienne est de retour au coeur de Gaza. Et ces retrouvailles de feu signent spectaculairement l'échec de la politique qui a toujours été la plus tentante pour les dirigeants israéliens : l'unilatéralisme. Salué comme un coup de génie du premier ministre d'alors, Ariel Sharon, le retrait de Gaza, opéré en 2005 sans concertation aucune avec l'Autorité palestinienne, qu'incarnait depuis près d'un an le pragmatique Mahmoud Abbas, apparaît aujourd'hui pour ce qu'il était : un coup tactique à courte vue. Il eût fallu non point un retrait "unilatéral", mais un retrait soigneusement préparé avec l'Autorité palestinienne.
Cela explique une bonne partie du naufrage de Gaza. Israël avait décidé que le démantèlement des colonies implantées dans l'étroite bande de terre s'accompagnerait de la fin des permis de travail en Israël pour des milliers de Palestiniens. Il a fallu attendre deux mois après le départ des troupes israéliennes pour que la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, arrache à Ariel Sharon un accord sur l'indispensable ouverture sur le monde d'un territoire soumis à un régime de bouclage dès 1994. Cet accord fut très vite remis en cause. La mauvaise volonté israélienne usa la détermination de l'émissaire spécial du Quartet, James Wolfensohn, ancien patron de la Banque mondiale, qui en avait pourtant vu d'autres - et s'en plaignit amèrement.
La dégradation s'accentua après la victoire du Hamas aux élections législatives qui suivirent, en 2006. Mahmoud Abbas marginalisé, le mouvement islamiste avait pu facilement convaincre les électeurs que l'Autorité palestinienne, par ailleurs inefficace et corrompue, méritait la sanction des urnes. La discorde entre les vainqueurs et les vaincus déboucha sur une guerre civile dont le Hamas triompha. L'hyperpuissance de l'armée israélienne peut bien aujourd'hui écraser les miliciens islamistes, il est peu probable que l'Autorité palestinienne en tire mécaniquement le bénéfice. Le Hamas ne disparaîtra pas comme par magie sous les tirs d'obus : il est, largement, le produit de l'inaction politique et de l'absence de perspectives pour la population palestinienne. S'il était encore possible d'imaginer un avenir pour Gaza en septembre 2005, qu'en est-il aujourd'hui ?"
(Editorial do Le Monde. fr)
Cela explique une bonne partie du naufrage de Gaza. Israël avait décidé que le démantèlement des colonies implantées dans l'étroite bande de terre s'accompagnerait de la fin des permis de travail en Israël pour des milliers de Palestiniens. Il a fallu attendre deux mois après le départ des troupes israéliennes pour que la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, arrache à Ariel Sharon un accord sur l'indispensable ouverture sur le monde d'un territoire soumis à un régime de bouclage dès 1994. Cet accord fut très vite remis en cause. La mauvaise volonté israélienne usa la détermination de l'émissaire spécial du Quartet, James Wolfensohn, ancien patron de la Banque mondiale, qui en avait pourtant vu d'autres - et s'en plaignit amèrement.
La dégradation s'accentua après la victoire du Hamas aux élections législatives qui suivirent, en 2006. Mahmoud Abbas marginalisé, le mouvement islamiste avait pu facilement convaincre les électeurs que l'Autorité palestinienne, par ailleurs inefficace et corrompue, méritait la sanction des urnes. La discorde entre les vainqueurs et les vaincus déboucha sur une guerre civile dont le Hamas triompha. L'hyperpuissance de l'armée israélienne peut bien aujourd'hui écraser les miliciens islamistes, il est peu probable que l'Autorité palestinienne en tire mécaniquement le bénéfice. Le Hamas ne disparaîtra pas comme par magie sous les tirs d'obus : il est, largement, le produit de l'inaction politique et de l'absence de perspectives pour la population palestinienne. S'il était encore possible d'imaginer un avenir pour Gaza en septembre 2005, qu'en est-il aujourd'hui ?"
(Editorial do Le Monde. fr)
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